Ouest France (jeudi 4 septembre 2003)

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Le Cirque Pinder s'installera sur l'Île de Nantes, à proximité de chez Dubigeon. Mais le chapiteau ne pourra pas contenir plus de 1 500 personnes.Archives

Pinder fera son cirque sur l'Île de Nantes

De nombreuses tractations dues aux conditions drastiques de sécurité

Pinder sera à Nantes du 20 octobre au 2 novembre. Cette année, « le géant européen des cirques » quittera la Beaujoire et plantera son chapiteau sur l'Île de Nantes, à proximité des chantiers Dubigeon. Mais que ce fut dur pour obtenir l'autorisation !

Une véritable armada ! Quarante semi-remorques transportant un chapiteau de 1 950 places et une ménagerie. Une trentaine de caravanes d'artistes. Une quinzaine de véhicules publicitaires. Au total quelque 140 salariés sans compter les membres de leur famille. Quand Pinder se déplace, ça déménage... et cela pose de sérieux problèmes d'emplacement.

Perte de 150 000 €

Comme chaque année depuis vingt ans, le « géant européen des cirques » envisage de faire une halte à Nantes. Dates retenues : entre le 20 octobre et le 4 novembre. « Depuis 1999, nous étions installés au Parc des expositions de la Beaujoire, précise Christophe Herry, directeur des tournées. Le site nous convient. Mais cette année, les travaux d'agrandissement nous empêchent d'y monter notre chapiteau. » D'où l'idée de se rabattre sur l'Île Gloriette, dans le centre-ville.

Dès septembre 2002, Christophe Herry adresse une demande d'autorisation au service « Marché et droits de place » de la Ville. La réponse survient... dix mois plus tard. Henri Duclos, l'adjoint au maire chargé du dossier, accepte le principe d'installation du cirque sur l'Île Gloriette. Mais avec quelques restrictions à la clé. Tout d'abord, « pour d'évidentes raisons de sécurité », pas question pour Pinder de monter un chapiteau de 1 950 places. Capacité maximale autorisée : 1 450 spectateurs.

Deuxième exigence municipale : dégager de l'espace pour assurer un demi-périmètre de sécurité permettant l'accès facile de véhicules (ambulances, camions de pompier) en cas de coup dur. Conséquence : « tous les véhicules du cirque non indispensables au bon déroulement du spectacle » doivent stationner ailleurs. En l'occurrence, de l'autre côté de la Loire, sur l'ancien site Dubigeon.

Enfin, la durée de séjour du cirque sur l'Île Gloriette doit être amputée de six jours pour ne pas pénaliser le marché du samedi deux week-ends de suite. En clair, le cirque doit déménager le 29 octobre. Une décision qui fait sortir Christophe Herry de ses gonds : « Nous estimons qu'une telle mesure nous fait perdre au minimum 150 000 euros. »

Un site pour les cirques

Devant tant d'exigences, le directeur des tournées de Pinder fait alors une nouvelle proposition à la Ville : installer le chapiteau devant le site Dubigeon. « C'est peut-être un terrain en friches, plaide Christophe Herry. Mais c'est surtout un emplacement fantastique pour les grands chapiteaux... Pourquoi nous embêter sur une petite place où l'on gêne tout le monde alors que de l'autre côté de la Loire un vaste terrain nous tend les bras... Où l'on n'a pas de problème de place pour garer ses camions. Cette solution nous permettrait notamment de rester quinze jours. »

Le temps presse pour le cirque, soucieux d'organiser sa tournée. Échange de fax. Coups de téléphone. Le ton monte. À Nantes, Henri Duclos hésite : « Ma mission est d'assurer la sécurité de manière optimale au nom du respect que j'ai de mes concitoyens, estime-t-il. Je ne peux pas prendre une décision à la légère. » Hier matin, le choix du site de l'Île Gloriette semble l'emporter. « C'est à prendre ou à laisser ». Pinder évoque même la possibilité de porter plainte contre la ville pour entrave à la liberté de commerce ».

Et puis, en milieu d'après-midi, revirement de situation : après la visite de la Commission de sécurité, Pinder a l'autorisation de traverser la Loire et de s'installer sur le site Dubigeon. Jusqu'au 2 novembre ! « A condition, insiste Henri Duclos, que le chapiteau n'excède pas 1 500 places. Et que les voies d'accès pour les pompiers soient respectées. »

Tout est donc bien qui finit bien. Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, laissons conclure Henri Duclos : « Nantes, qui accueille chaque année deux cirques, n'a pas pour l'instant de lieu spécifique pour accueillir de telles manifestations. À l'avenir, le site Dubigeon, idéalement placé, pourrait bien avoir cette vocation. »